15 août 2023

La perte de sens au travail, un nouveau diagnostic de santé psychologique ?

Préambule : La perte de sens au travail, un fléau que j’entends de plus en plus et qui en étouffe plus d’un. En moyenne, un Canadien sur cinq déclare ressentir un niveau de stress élevé au travail en raison de la lourde charge mentale et de la conciliation travail-vie personnelle1. Ce ratio est similaire chez nos voisins américains2. En effet, le monde du travail se transforme et c’est terminé le temps où on travaille comme des robots ! Pour ça, il y a l’intelligence artificielle. Alors, comment évoluer dans ce monde changeant en demeurant aligné avec ses convictions tout en s’émancipant, mais non pas en s’étourdissant ? Ces stratégies que vous trouverez peut-être utiles (c’est mon cas) sont simples et faciles à implanter.

Selon des études récentes, la perte de sens a de multiples causes, mais il apparaît clair qu’il s’agit d’une perception individuelle qui interprète notre rôle et notre lien d’appartenance dans notre organisation comme étant peu utile, peu cohérent et qui souvent s’accompagne d’une faible autonomie34 décisionnelle.

Se poser les bonnes questions

Les travailleurs sont les experts de leur rôle, mais encore faut-il comprendre ce rôle. L’optimisation permanente, les changements au sein de l’équipe de travail et la pression de performance est la recette gagnante d’un trouble de l’adaptation, et ce, peu importe le rôle occupé; d’entrepreneur-propriétaire à PDG à salarié... Un urgentologue qui n’aurait pas de méthode de travail ou ne comprendrait pas son rôle serait un danger pour la profession. Un pompier qui ne connaîtrait pas les étapes à respecter pour éteindre un feu serait un incendier.

Commençons en prenant un temps conscient pour mettre sur papier la totalité de nos actions réelles du quotidien et clarifier leur raison d’être. Simple, non ? Par expérience, il s’agit plutôt d’une action qui revêt d’une complexité colossale. En effet, comme ergothérapeute, chaque semaine j’entends un lourd silence lorsque je pose la question « pouvez-vous me décrire une journée typique ? ». La réponse que j’obtiens normalement est « ça dépend ». Ne pas pouvoir mettre en mots clairs ses actions quotidiennes est l’une des causes qui précipitent la détresse psychologique au travail. De plus, ceci indique que l’on travaille en mode pilote automatique et depuis bien longtemps déjà, des études sur la pleine conscience dans le secteur des affaires ont montré que l'augmentation de la pleine conscience est associée à une augmentation de la créativité et à une diminution de l'épuisement professionnel5.

Si vous éteignez des feux toute la journée, ceci est votre réalité de travail et ne constitue plus une urgence. Simplifions, devenons de réels experts en prenant le temps de décortiquer les tâches récurrentes du quotidien. Allant des meilleurs moments pour consulter ses courriels, à leur priorisation, à la participation selon un ordre du jour aux réunions virtuelles, à l’installation d’un pare-brise. Le concept est d’arrêter de se valoriser à éteindre des feux, simplifier les méthodes répétées quotidiennement afin que celles-ci deviennent nos repères rassurants plutôt que déstabilisants.

Ce blogue a pour mission de simplifier les stratégies afin de les rendre applicables dès la lecture de cet article. Pour ce, voici des idées à essayer cette semaine.

    • Définir concrètement avec des mots qui expriment clairement l’image de l’action à produire dans une journée de huit heures au travail. Par exemple :
      • Débuter ma journée en répondant aux courriels pendant 30 minutes tout en conservant mon statut non disponible en ligne;
      • Appeler quatre clients pour effectuer un suivi du service reçu en posant cinq questions après la réunion du matin;
      • Installer un pare-brise en respectant les étapes écrites au mur en 15 minutes.

Bien-être au travail, oui, mais comment?

Comprendre son rôle, clarifier les attentes réelles, exprimer les lacunes opérationnelles et les forces pour assumer avec agréabilité son rôle au sein de l’organisation. En effet, des chercheurs ont mis en lumière que les milieux de travail qui ciblent la motivation de leurs employés en personnalisant leur approche concernant la culture du bien-être et en écoutant leur point de vue obtenaient un indice de « perception de sens au travail » plus élevé.

C’est également ce que j’entends régulièrement. Les travailleurs sont les experts de leur rôle et la motivation est significativement augmentée lorsque ceux-ci sont entendus. Est- ce que cela signifie que chacun prend des décisions sans consentement du supérieur immédiat ? Non, évidemment pas. Toutefois, avoir la chance de s’exprimer et être écouté est une habitude à faible coût et porteuse de sens.

Deux meilleures stratégies pour être écouté au travail

  1. Se donner une période personnelle d’essai (entre trois et cinq jours) et accueillir les tâches, les demandes, les besoins comme s’il s’agissait d’une nouvelle information pour nommer objectivement les forces et les faiblesses de notre routine, de nos opérations quotidiennes. Ce sera sans aucun doute énergivore sur le moment, mais je vous promets que c’est l’étape #1 d’une santé professionnelle et personnelle. La conciliation du travail et de la vie personnelle se basent sur la compréhension de notre rôle et de nos valeurs. L’identité se définit et la confiance en soi augmente.
    • En clinique, je nomme cette étape, le granulateur de temps. J’ai été inspiré par un dragon (devinerez-vous lequel ?) lors d’une conférence et je peux affirmer avec certitude qu’il s’agit, pour ma part, de l’élément déclencheur de nombreuses bonnes décisions et actions.
  2. Présentation efficace en mode discussion (curiosité, intérêt, opinion professionnelle) des résultats recueillis lors du granulateur de temps à la personne-ressource :
    • Par sujet, tâche, occupation, etc.
    • Ce qui est efficace
    • Ce qui mérite notre attention

Dans la vraie vie

Trois questions à se poser comme travailleur

  1. Quelle est la mission de mon organisation ?
  2. Quelles sont mes tâches récurrentes et comment les maîtriser ?
  3. Qui est ma personne-ressource au travail et quel est concrètement mon rôle ?

Trois actions à poser par l’organisation

  1. Clarifier la mission de l’organisation en consultant chaque employé. Nos termes, vos termes; il faut que ce soit simple.
  2. Prendre le temps de prendre le temps en quantifiant réalistement le temps que prend le boulot récurrent.
  3. Définir une porte-parole qui est aussi un bon communicateur pour expliquer la raison des changements et qui a suffisamment de pouvoir pour exprimer à ses supérieurs que son équipe est essoufflée du changement lorsque ceci se ressent… En revanche, il s’agit de la personne qui a le rôle le plus épuisant au sein d’une société. Courage

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Krystel.

 

 

1. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/230619/dq230619c-fra.html
2. https://www.nimh.nih.gov/health/statistics/mental-illness
3. Coutrot, Thomas. (2023). La perde de sens du travail, nouveau risque psychosocial ? Organisation du travail et risques psychosociaux.
Les apports de la recherche.

4. https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/flash-surveillance/la-sante-au-travail-en-quelques-chiffres/
5. Langer, Heffernan, & Kiester, 1988

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